Menu
Libération
TRIBUNE

Pourquoi vous n’allez pas tenir vos bonnes résolutions du nouvel an

Article réservé aux abonnés
Les décisions de changement, prises en début d’année, relèvent de défis souvent héroïques, mais elles ont parfois le goût de l’échec piteux. Comment expliquer un tel paradoxe, s’interroge le philosophe Guillaume von der Weid.
Pour le philosophe Guillaume von der Weid, «la résolution joue ainsi une sorte le rôle de levier pour résoudre cette schizophrénie entre vous et votre vie, ce que vous voulez être et ce que vous êtes». (Willing-Holtz/Plainpicture)
par Guillaume von der Weid
publié le 9 janvier 2025 à 10h04

A minuit, le 1er janvier, votre nouvelle vie commence. Arrêter de fumer, quitter Paul, démissionner de votre travail, écrire un livre. Autant de changements majeurs, coûteux, incertains, qui attendaient une ligne de départ. Car tout changement réclame une volonté bien sûr, mais surtout des ressources pour la réaliser. «Je vois le bien et je fais le mal», disait Ovide : vous voulez une vie saine, une relation satisfaisante, un travail intéressant, une écriture authentique, mais votre vie continue, imperturbable, avec son inertie, ses habitudes, ses intérêts.

La résolution joue ainsi une sorte le rôle de levier pour résoudre cette schizophrénie entre vous et votre vie, ce que vous voulez être et ce que vous êtes : un rendez-vous avec vous-même, à une date significative, pour vous améliorer. Mais combien de résolutions tiennent ? Si l’on en croit les sondages, presque 90 % de la population prend des bonnes résolutions (QAPA, 2023), mais seuls 6 % les tiennent au-delà d’un an (Forbes, 2023). La résolution ressemble ainsi au Loto auquel tout le monde joue parce que personne ne gagne, les perdants finançant la cagnotte hypnotisante. De même, la résolution a l’allure du défi héroïque, mais le goût de l’échec piteux. Comment expliquer un tel paradoxe ?

Obtenir le résultat sans l’effort

Sans vouloir nous l’avouer, nous connaissons tous la réponse : nous ne voulons pas tenir nos résolutions, nous disons seulement le vouloir. Pour être plus exact : nous voulons le résultat, mais pas l’effort qui y mène, c’est-à-di