Un gouvernement non représentatif, un président ignorant les voix des citoyens, même quand il les consulte, sur fond de hausse des inégalités et de crise climatique… Nos institutions ne sont plus en mesure de répondre aux aspirations et aux colères des Français. Dix-huit personnalités du monde syndical, associatif, universitaire, des essayistes et des militants nous livrent leurs pistes pour «déverticaliser» le pouvoir. Et restaurer l’envie de démocratie. Toutes les contributions sont à retrouver dans notre dossier spécial.
Leonardo Sciascia qualifiait la langue du pouvoir chrétien démocrate de «langage du non-dire». Une tentative de se dissimuler, de s’enfouir dans la langue, dans le jargon «pour survivre, renchérissait Pasolini, fût-ce comme automates, comme masques…» Le langage du pouvoir, soumis aux injonctions contradictoires des marchés et des électeurs, tend par une pente naturelle à l’euphémisation, à l’oxymoron et à la dénégation. Ce que les médias ont pris l’habitude d’appeler depuis Trump «l’ère de la post-vérité». Mais qu’est-ce que le «parler vrai», que ne cessent d’invoquer les responsables politiques ? Michel Foucault en a énuméré quelques conditions dans son séminaire sur la parrêsia (le «franc-parler», le «parler vrai»