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TRIBUNE

Poutine-Trump : les tyrans en télétravail

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Guerre entre l'Ukraine et la Russiedossier
En Ukraine et à Gaza, ils seraient en train de négocier un cessez-le-feu. Ils en discutent au téléphone, pas la peine de se rencontrer. Retour du téléphone rouge de la guerre froide, la mise en scène de la négociation suffit largement. L’important est de créer la fiction d’une négociation.
Lors d'un rassemblement contre la position de Trump sur la guerre russo-ukrainienne, devant l'ambassade des Etats-Unis, à Kyiv, le 8 mars 2025. (Valentyn Ogirenko/REUTERS)
par Christian Salmon, écrivain
publié le 24 mars 2025 à 17h05

«Tout art de la guerre repose sur la duperie», écrit Sun Tzu dans son célèbre livre l’Art de la guerre. Selon le stratège chinois, la puissance des armes comptait moins pour gagner les batailles que la ruse, l’action psychologique, l’effet de surprise. C’est devenu un axiome de tous les traités de stratégie militaire. Les batailles se gagnent à la dissimulation plutôt qu’à l’exhibition de la force. Les campagnes de désinformation remplacent les grandes manœuvres d’intimidation. Des tenues de camouflage aux maquillages des visages, des couches de branchages jusqu’aux armées fantômes en caoutchouc gonflable des Britanniques et des Américains pendant la Seconde Guerre mondiale, les techniques de CCD – «camouflage, concealment and deception» – n’ont pas cessé de se perfectionner au XXe siècle. Aujourd’hui, les satellites d’observation, les réseaux de radars, les flottes de drones d’observation ont transformé la perception du théâtre des opérations. La technique remplace le courage et l’intelligence artificielle supplée la ruse dans les guerres modernes. La désinformation étend son domaine de la conduite des opérations jusqu’aux négociations de paix.

La duperie, chère à Sun Tzu, transforme la nature même de la guerre. Les objectifs militaires loin de se limiter aux cibles qui apportent une contribution effective à l’action militaire sont étendus à tout l