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tribune

«Prendre la parole pour que la mémoire de la Palestine ne disparaisse avec ses morts», par Jadd Hilal

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L’écrivain franco-palestino-libanais s’interroge sur la place consacrée à l’histoire de son pays dans la mémoire du monde. C’est d’abord aux Palestiniens de dire leurs douleurs passées. Pour ne pas tuer une seconde fois, la Palestine, en passant son souvenir sous silence.

A Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza en Palestine, le 20 janvier 2025, un jour après l'entrée en vigueur d'un accord de cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hamas. (Omar Al-Qattaa /AFP)
Par
Jadd Hilal
écrivain franco-palestino-libanais
Publié le 29/01/2025 à 12h12

«Qu’est-ce qu’on peut y faire ?» ; «Bien sûr que je suis outré, seulement à mon échelle…» ; «Tout ça est trop gros» ; «Je ne sais pas par où commencer», voilà ce que j’entends maintenant, quand je parle de la Palestine. C’est vrai, c’est sûr, il y a de quoi désespérer. L’arrêt des violences ? Des crimes ? Des morts ? Le début de la paix ? La vraie paix et non le cessez-le-feu ? Qui de nous autres, gens ordinaires, peut bien réussir à l’obtenir pour les Palestiniens ? Mais est-ce là que l’espoir se trouve, en réalité ? Dans notre rôle de sauveur, de diplomate ? Ne faut-il pas arrêter de le porter, notre casque bleu, à la fin ? De cesser de vouloir monter au front face à ce qui nous dépasse et nous submerge ? De frapper du poing, puis de hausser les épaules devant ceux qui parlent à notre place, comme les Palestiniens eux-mêmes y sont souvent contraints.

On parle à la place des Palestiniens, oui, ce n’est pas un scoop. Le cessez-le-feu en porte les marques. Quelle voix de leur côté ? Pour le négocier ? Qui sera là pour dire «oui» ou «non» à une solution à deux Etats ? Avec qui peut-on discuter au juste, quand il n’y a personne en face ? Quand on a tué et détruit autant ? Quand avant, pendant et après le cessez-le-feu, la vie des Palestiniens est fauchée ? Qui aurait le courage de parler dans ces conditions ? Là aussi, devant cette absence, cet oubli politique, cette poignée de main avec le vide, on peut finir par hausser les épaules. L’autodétermination des Palest