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TRIBUNE

Prisons de haute sécurité : une obsession sécuritaire contreproductive

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L’Assemblée nationale débat les 17 et 21 mars de la loi qui prévoit notamment la création de prisons de haute sécurité pour les 200 «plus gros narcotrafiquants». Pour l’avocat pénaliste Robin Binsard, ce texte présente bien plus de risques que d’avantages, tant du point de vue sécuritaire qu’au regard de l’objectif de réinsertion des détenus.
Le centre pénitentiaire de Vendin-le-Veil (Pas-de-Calais), le 7 mars 2025. (François Lo Presti/AFP)
par Robin Binsard, Avocat
publié le 16 mars 2025 à 11h49

Annoncée en grande pompe par le nouveau garde des Sceaux, la création de prisons de haute sécurité pour les 100, et désormais 200 «plus gros narcotrafiquants» présente bien plus de risques que d’avantages, que ce soit sous le prisme sécuritaire qu’au regard de l’objectif de réinsertion inhérent à toute sanction pénale.

Relevons avant tout que contrairement à l’annonce faite, ces prisons ne seraient pas réservées aux trafiquants de produits stupéfiants, mais à l’ensemble des détenus poursuivis pour les infractions visées «aux articles 706-73 et suivants du code de procédure pénale», c’est-à-dire pour l’ensemble de la délinquance organisée. Toujours en contradiction avec l’annonce initiale, aucune nouvelle prison ne sera créée, et ce sont celles de Condé-sur-Sarthe (Orne) et de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais) qui seront utilisées ; ce qu’on ne peut que déplorer dans un contexte où 80 130 personnes sont actuellement détenues pour 62 357 places, portant le taux de surpopulation carcérale à 128,5 %, de sorte que la