Menu
Libération
TRIBUNE

Protéger les agriculteurs tout en les aidant à poursuivre leur bifurcation écologique, par Aurélie Trouvé

Article réservé aux abonnés
Les agriculteurs en colèredossier
Pour l’agroéconomiste et députée LFI, les agriculteurs doivent être protégés des importations à bas prix, y compris au sein même du marché européen. Une nouvelle politique agricole est d’autant plus indispensable que nous atteignons les limites du modèle productiviste.
La circulation sur l'autoroute A71 lors d'une action d'agriculteurs à Levet, près de Bourges (Cher), le 24 janvier 2024. (Guillaume Souvant/AFP)
par Aurélie Trouvé, Agro-économiste, députée LFI, coprésidente du groupe de suivi parlementaire sur la loi d’orientation agricole
publié le 24 janvier 2024 à 15h18

De l’Allemagne à la Roumanie ou la France, des agriculteurs défilent, bloquent ou s’en prennent aux bâtiments de l’Etat. Derrière des revendications qui peuvent paraître disparates, il y a pourtant un fil rouge : pouvoir vivre de son travail d’agriculteur.

Alors que les coûts de production ont grimpé en flèche, les prix agricoles ont à nouveau baissé, de 10 % en France en un an. Et pourtant, les ménages paient toujours leur alimentation plus cher : + 10 % sur la même période, de telle sorte que les marges des industries agroalimentaires flambent, de 28 % à 48 % en deux ans. Consommateurs et agriculteurs voient donc leur niveau de vie reculer pour les profits des multinationales. Les éleveurs du Grand Ouest ont ainsi manifesté face au géant du lait Lactalis, qui leur impose des prix trop faibles.

Rompre avec l’idéologie néolibérale

C’est un échec patent des lois Egalim de ces dernières années. Et du refus obstiné du président Macron de rompre avec l’idéologie néolibérale et de réglementer un tant soit peu les prix. La dérégulation des marchés n’est pourtant qu’une exception dans l’histoire. Comme elle l’est d’ailleurs dans le monde, puisque la plupart des autres grands pays producteurs (au premier rang desquels la Chine et les Etats-Unis) régulent bien davantage leurs marchés.

La pression sur les prix s’est même accentuée depuis l’ou