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TRIBUNE

Punir et exclure n’a jamais résolu le problème de la violence chez les jeunes

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Rétablissement d’internats éducatifs, stages encadrés par des militaires… Gabriel Attal enchaîne les mesures répressives. Une orientation archaïque et contre-productive, analyse le psychiatre David Gourion.
Lors de la cérémonie de fin de Service national universel, le 30 novembre 2023, à Toulouse. (Frederic Scheiber/Hans Lucas)
par David Gourion, psychiatre
publié le 28 avril 2024 à 10h56

Dans une période marquée par des cris d’alarme quant à la montée de la violence juvénile, le Premier ministre, Gabriel Attal, propose un grand retour aux mesures répressives, symbolisées par le rétablissement d’internats éducatifs et de stages encadrés par des militaires. Cette orientation vers la pénalisation et la ségrégation est non seulement archaïque mais aussi et surtout contre-productive d’un point de vue scientifique.

Archaïque, car elle renvoie à un âge d’or imaginaire dans lequel la jeunesse aurait été infiniment plus vertueuse que celle d’aujourd’hui : «Les jeunes d’aujourd’hui sont paresseux, mal élevés, ils méprisent l’autorité, n’ont aucun respect pour leurs aînés, ils répondent à leurs parents et bavardent au lieu de travailler […]. Ils sont tout simplement mauvais.» Ceci n’est pas une déclaration de politique actuelle, non, c’est une citation de Socrate (470-399 avant J.C.).

Contre-productive, car les recherches scientifiques actuelles mettent en lumière une réalité souvent ignorée : les sanctions sévères et les environnements oppressifs ne résolvent pas les comportements délinquants mais au contraire, les exacerbent (1) et (2).

L’aggravation des fractures sociales et individuelles

Des programmes tels que les internats éducatifs, s’ils sont conçus sur un modèle punitif, risquent de marginaliser davantage les élèves, en les isolant de leur milieu