Menu
Libération
TRIBUNE

«Putain de voiture» : les mots d’une Amérique de violences et d’ennemis

Article réservé aux abonnés
L’arrestation et le lynchage de Tyre Nichols s’inscrivent dans la grande brutalisation de la société états-unienne depuis le 11 septembre 2001, selon Romain Huret, directeur de recherche à l’EHESS.
Jeudi 26 janvier, devant la Maison Blanche à Washington, après la mort de Tyre Nichols, lynché par cinq policiers afro-américains. (Andrew Harnik/AP)
par Romain Huret, Directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales
publié le 29 janvier 2023 à 12h33

«Sors de cette putain de voiture.» Ces mots prononcés à Memphis par les cinq policiers afro-américains ayant arrêté et lynché à mort Tyre Nichols tranchent avec la supplique «maman, maman, maman» de la victime qui va devenir sans doute aussi tristement iconique que l’horrible «je ne peux pas respirer» de George Floyd. Dans cette ville berceau de la culture noire, et parfois de ses heures les plus sombres – Martin Luther King Jr. y fut assassiné le 4 avril 1968 –, les terribles images de cette arrestation renvoient une fois de plus à la violence des contrôles routiers aux Etats-Unis et à celle, très endémique, à l’intérieur de la police des grandes villes. De manière très ironique, les cinq policiers étaient membres de l’unité Scorpion (Street Crimes Operation to Restore Peace in Our Neighborhoods – démantelée dès samedi), chargée d’enrayer cette même violence au sein du Memphis Police Department. Tous Afro