Menu
Libération
TRIBUNE

Quand Donald Trump militarise le fédéralisme américain

Article réservé aux abonnés
Envoyer la garde nationale en Californie rompt non seulement l’équilibre entre pouvoir civil et autorité militaire, mais avec un principe fondateur de la démocratie américaine, estime le professeur en CPGE Lionel Hurtrez.
La garde nationale américaine devant le bâtiment fédéral Robert-Young alors que des manifestants se rassemblent dans le centre-ville de Los Angeles, le 9 juin 2025. (Jim Vondruska/Getty Images. AFP)
par Lionel Hurtrez, professeur en classe préparatoire aux grandes écoles et doctorant en civilisation américaine à l’EHESS
publié le 10 juin 2025 à 17h07

Le 7 juin 2025, Donald Trump a ordonné le déploiement de 2 000 membres de la garde nationale en Californie. Officiellement, il s’agissait de «protéger» les agents fédéraux de l’immigration (ICE) contre les manifestations visant à bloquer leurs opérations. Dans les faits, le président des Etats-Unis a franchi un seuil : celui d’un usage coercitif de la force fédérale contre un Etat gouverné par l’opposition.

Pour justifier son geste, Trump a invoqué la section 12 406 du titre 10 du code américain, qui lui permet de faire appel à la garde nationale en cas de «rébellion ou de danger de rébellion» contre l’autorité fédérale. Il a ensuite affirmé que toute entrave à l’action de l’ICE constituait désormais une «forme de rébellion». Cette requalification brutale d’une contestation politique en insurrection déguisée en dit long sur la dérive autoritaire en cours.

La réaction de Gavin Newsom, gouverneur démocrate de Californie, ne s’est pas fait attendre. Il a dénoncé une décision relevant du «théâtre politique», indigne d’un président. On ne saurait lui donner tort. Jamais, en temps de paix, un président n’avait envoyé des