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TRIBUNE

Quand il parle de l’islam, le philosophe Pierre Manent ne pense pas, il étale ses peurs

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«La pression est telle que nous avons à prendre des décisions […] sur le nombre de musulmans qui sont en Europe» : en s’en tenant à une approche globalisante et statique lors d’une émission du Club-le Figaro idées, l’intellectuel est passé de la pensée aux poncifs, dénonce le président de SOS Racisme, Dominique Sopo.
«New Dutch Views numero 49», Pays-Bas, 2021. De la série en cours «New Western Views». (Marwan Bassiouni)
par Dominique Sopo, Président de SOS Racisme
publié le 17 décembre 2024 à 16h49

Le 5 décembre, le philosophe Pierre Manent s’interrogeait dans le Club le Figaro idées sur «la part raisonnable» de musulmans en Europe. Evidemment, une émission intitulée «Le “vivre-ensemble” est-il possible ?» et animée par Eugénie Bastié présentait une forte probabilité de propos à tout le moins tendancieux. Ils le furent.

Non que les invités – les philosophes Pierre Manent et Pierre-Henri Tavoillot – appartiennent à la catégorie des faux intellectuels qui traînent désormais leur indigence autosatisfaite sur les plateaux de CNews et qui en débordent de plus en plus. Ici, nul savoir a priori frelaté où les connaissances ne seraient plus des outils de compréhension et des objets d’analyse. Nul cirque bruyant où s’épanchent des «polémistes» qui polémiquent.

Ici, nous sommes sur un plateau où l’on s’attend à entendre des penseurs qui pensent. Pierre Manent, qui fut jadis l’assistant de Raymond Aron, a l’habitude de manier des concepts, d’exposer une pensée structurée et d’avancer des arguments soupesés en soutien au propos qu’il déploie.

Après un début d’émission tenu, Eugénie Bastié en vient au cœur du sujet : les immigrés et leurs enfants. Somme toute, nous dit la présentatrice, le «vivre-ensemble» est un terme invoqué à partir des années 1980 du fait de la réalité nouvelle qu’est alors l’immigration (sic !) et la diversité qui en découle. Le vivre-ensemble n’est-il pas après tout, poursuit-elle, «un mantra pour créer un commun artificiel» ? Car Eugénie Ba