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Libération
TRIBUNE

Quand la haine de l’autre arrive en tête aux élections, organisons des banquets pour échapper aux entre-soi

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Un pays qui dimanche a voté RN à ce point ne doit pas être perçu comme quelque chose de «normal». Des artistes et intellectuels tels Nicolas Mathieu, Dominique Manotti, Patrick Chamoiseau ou Robert Guédiguian annoncent la tenue de banquets où Juifs, Arabes, mères racisées ou immigrées, avocats, ouvriers, féministes… partagent leurs expériences.
En 2019, à Montpellier, lors de la réunion plénière de la 4e assemblée des gilets jaunes. (David RICHARD/Photo David Richard.Transit pour)
par Un collectif de personnalités artistiques et civiles
publié le 10 juin 2024 à 17h24

Des millions de personnes contestent. Séparément donc impuissantes. Les grèves ouvrières sont permanentes. Ces grévistes ne rejoignent pas les personnels de l’Education qui enragent ; ni les uns ni les autres n’aident les locataires expulsés, qui ne côtoient pas les étudiants de Sciences-Po horrifiés par l’enfer à Gaza ; peu d’entre eux sont à Sainte-Soline ou secourent les migrants ; et combien rencontrent les jeunes des quartiers qui refusent les violences continuelles du racisme systémique ? Chacun sa cause. Chacun sa défaite.

Il ne faut pas que cette France-là reste la France. Un pays qui vote RN à ce point et cela semble normal. Un pays où la haine des autres (surtout s’ils sont prétendument musulmans, ou roms ou en exil des Sud) a été légitimée, avec la loi asile immigration et à longueur d’ondes, tant sont surmédiatisés les faits divers dès qu’un nom arabe, africain ou rom apparaît.

Quand existaient encore des collectifs de travail, les jeunes, les travailleurs immigrés ou racisés étaient perçus comme des semblables. A présent, avec l’intensification des tâches, des concurrences, c’est chacun seul. Chacun sa peine, ses soucis et cauchemars. Chacun s’emploie à sauver sa peau et redoute les plus proc