La responsabilité en sciences est aujourd’hui réduite à sa plus faible expression. Les scientifiques doivent répondre aux normes et codes établis par leurs pairs et répondre de l’usage des ressources qui leur sont allouées par les puissances publiques et privées. En dehors de cela, la communauté scientifique ne répond de rien et ne rend de compte à personne ; elle est, par définition, irresponsable, et son obstination à revendiquer son détachement du monde fait de cette irresponsabilité un choix moral assumé.
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Les travailleurs de la recherche ont construit la liberté académique comme un moyen de garantir leur indépendance vis-à-vis de contraintes des mondes religieux, politiques et économiques. C’est un échec : globalement, cette liberté académique n’est plus qu’un voile posé pudiquement sur la soumission de la communauté scientifique au système culturel, économique et politique dominant, qu’on le nomme «capitalisme», «libéralisme», «colonialisme», «patriarcat»…
L’engagement comme éthique et relation au monde
Les scientifiques doivent faire le deuil de ce simulacre d’autonomie et (re)construire à l’inverse leur liberté au travers de leur engagement pour le monde. Face à la crise systémique qui est la nôtre aujourd’hui, la communauté scientifique doit apprendre à répondre des raisons et conséquences de son activité non pas à ses partenaires traditionnels, ses financeurs publics ou privés, mais à toutes celles et ceux qui sont concernés par la situation. Elle doit faire de la référence à l’intérêt général non pas un cache-misè