Le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, tire ses dernières cartouches. Et les chances que ses tirs atteignent leur cible sont de plus en plus minces. Rien ne semble pouvoir arrêter l’offensive des troupes régionales du Tigré, les «Tigray Defense Forces», en direction de la capitale, Addis-Abeba. L’armée fédérale se débande. Les «Amhara Special Forces», alliées au gouvernement central dans cette guerre, sont plus combatives mais trop démunies et désorganisées. La région amhara, où vit environ le quart de la population éthiopienne, borde la frontière méridionale du Tigré, qui, elle, compte seulement 6 des 110 millions d’habitants du pays. L’autre complice d’Abiy Ahmed, le dictateur Isaias Afwerki, qui terrorise l’Erythrée depuis vingt ans, a bien des soldats stationnés au Tigré, mais ils sont restés l’arme au pied depuis des semaines.
Il y a tout juste un an, le 4 novembre 2020, l’armée fédérale et les miliciens amharas par le sud, les Erythréens par le nord, lançaient une «opération de maintien de l’ordre» au Tigré. Abiy Ahmed affirmait en privé qu’elle ne durerait que quelques jours. La tension entre les autorités du Tigré et Addis-Abeba montait depuis des mois. L’enjeu de leur différend est quasi existentiel : quel nouveau système politique instituer pour que les 80 «nations, nationalités et peuples» de l’Ethiopie cohabitent enfin à l’avantage de t