Menu
Libération
TRIBUNE

Quel dénouement pour l’Ethiopie ?

Article réservé aux abonnés
Rien ne semble pouvoir arrêter l’offensive des troupes régionales du Tigré en direction d’Addis-Abeba et le Premier ministre, Abiy Ahmed, semble plus isolé que jamais. Peut-on encore imaginer une porte de sortie favorable pour la population ?
Des combattants du Front de libération du peuple tigréen en mai 2021. (Ben Curtis/AP)
par René Lefort, Journaliste et chercheur, spécialiste de la Corne de l'Afrique
publié le 9 novembre 2021 à 11h00

Le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, tire ses dernières cartouches. Et les chances que ses tirs atteignent leur cible sont de plus en plus minces. Rien ne semble pouvoir arrêter l’offensive des troupes régionales du Tigré, les «Tigray Defense Forces», en direction de la capitale, Addis-Abeba. L’armée fédérale se débande. Les «Amhara Special Forces», alliées au gouvernement central dans cette guerre, sont plus combatives mais trop démunies et désorganisées. La région amhara, où vit environ le quart de la population éthiopienne, borde la frontière méridionale du Tigré, qui, elle, compte seulement 6 des 110 millions d’habitants du pays. L’autre complice d’Abiy Ahmed, le dictateur Isaias Afwerki, qui terrorise l’Erythrée depuis vingt ans, a bien des soldats stationnés au Tigré, mais ils sont restés l’arme au pied depuis des semaines.

Il y a tout juste un an, le 4 novembre 2020, l’armée fédérale et les miliciens amharas par le sud, les Erythréens par le nord, lançaient une «opération de maintien de l’ordre» au Tigré. Abiy Ahmed affirmait en privé qu’elle ne durerait que quelques jours. La tension entre les autorités du Tigré et Addis-Abeba montait depuis des mois. L’enjeu de leur différend est quasi existentiel : quel nouveau système politique instituer pour que les 80 «nations, nationalités et peuples» de l’Ethiopie cohabitent enfin à l’avantage de t