Menu
Libération
TRIBUNE

Quelle importance que Eric Zemmour soit juif ?

Article réservé aux abonnés
Nous avons tellement pris l’habitude de penser à partir des identités, que nous avons oublié que le combat politique peut aussi se nourrir d’idées indépendantes de tout rapport à une origine ethnique, alerte la philosophe Perrine Simon-Nahum.
Eric Zemmour au palais des congrès de Nice, le 18 septembre, pour dédicacer son dernier livre. (Laurent Carré/Libération)
par Perrine Simon-Nahum
publié le 4 novembre 2021 à 18h10

Il ne devrait pas y avoir matière à débat dans le fait qu’un juif comme Eric Zemmour se proclame à la fois nationaliste et proche de l’extrême droite. Telle est pourtant, depuis quelques semaines, l’idée que l’on voit poindre dans les milieux intellectuels et médiatiques, suscitant tour à tour étonnement ou réprobation, comme le Monde et Marianne s’en sont fait l’écho. Cette façon de ramener en permanence Zemmour à son appartenance à la communauté juive – appartenance qu’il ne revendique que sur un plan strictement privé – témoigne en réalité de la perversion de notre débat public.

Nous avons à ce point pris l’habitude de penser à partir des identités, que nous avons oublié que le combat politique pouvait aussi s’alimenter à la source d’idées indépendantes de tout rapport à une origine ethnique ou sociale. Si les noirs s’engagent dans la cause décoloniale, c’est qu’ils sont noirs. Et si les femmes rejoignent les mouvements féministes, c’est parce qu’elles appartiennent au sexe faible. Le débat intellectuel s’est ané