«Ne faisons pas un service public pour donner la mort.» Notre Premier ministre synthétise en une formule-choc la contradiction consistant, pour une société qui doit unir (socio), à donner la mort, c’est-à-dire à séparer. Séparation qui se répète au sein d’un texte législatif que François Bayrou aimerait scinder entre la question des soins palliatifs et celle de la fin de vie, isolant ainsi l’euthanasie et le suicide assisté d’un soin dont ils devraient être l’extrémité.
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Le débat oppose deux parties inégales de la population, la population générale et l’«élite» politique, intellectuelle et morale. Si la population avait pu décider directement du problème, il eût été tranché depuis longtemps, comme le montre le sondage Ifop de 2022 selon lequel 94 % des personnes interrogées sont favorables à l’euthanasie et au suicide assisté. Les autorités, au contraire, y ont toujours été réticentes. Par exemple, le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) a constamment émis des avis défavorables sur le sujet jusqu’en 2022.
La réalité institutionnelle de l’euthanasie
Comment expliquer et résoudre cette opposition ? Par un effet d’optique, qui tend, vu de loin, à polir les aspérités de la fin de vie. On traite plus aisément d’une mort abstraite que des sinuosités d’une agonie réelle. Proust, sans doute aussi ja