Menu
Libération
TRIBUNE

Réconcilier l’euthanasie

Article réservé aux abonnés
Fin de viedossier
Alors que François Bayrou voudrait scinder la question des soins palliatifs et celle de la fin de vie, le philosophe Guillaume von der Weid propose de rétablir le dialogue en déplaçant la séparation entre mort choisie et vie sacrée vers une alternative entre obligation de soin jusqu’à la mort et exception d’euthanasie.
La chambre d'un patient mort (signalé par la lumière jaune) dans l'unité de soins palliatifs de l'hôpital Saint-Joseph à Marseille, le 24 janvier 2024. (Clément Mahoudeau/AFP)
par Guillaume von der Weid, Philosophe, spécialiste des questions éthiques
publié le 30 janvier 2025 à 17h53

«Ne faisons pas un service public pour donner la mort.» Notre Premier ministre synthétise en une formule-choc la contradiction consistant, pour une société qui doit unir (socio), à donner la mort, c’est-à-dire à séparer. Séparation qui se répète au sein d’un texte législatif que François Bayrou aimerait scinder entre la question des soins palliatifs et celle de la fin de vie, isolant ainsi l’euthanasie et le suicide assisté d’un soin dont ils devraient être l’extrémité.

Le débat oppose deux parties inégales de la population, la population générale et l’«élite» politique, intellectuelle et morale. Si la population avait pu décider directement du problème, il eût été tranché depuis longtemps, comme le montre le sondage Ifop de 2022 selon lequel 94 % des personnes interrogées sont favorables à l’euthanasie et au suicide assisté. Les autorités, au contraire, y ont toujours été réticentes. Par exemple, le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) a constamment émis des avis défavorables sur le sujet jusqu’en 2022.

La réalité institutionnelle de l’euthanasie

Comment expliquer et résoudre cette opposition ? Par un effet d’optique, qui tend, vu de loin, à polir les aspérités de la fin de vie. On traite plus aisément d’une mort abstraite que des sinuosités d’une agonie réelle. Proust, sans doute aussi ja