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TRIBUNE

Recyclage en France : le déchet le plus propre, c’est celui qui n’a jamais été produit

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Tant qu’on refusera d’agir sur la production, tant qu’on croira qu’un emballage inutile peut se transformer en miracle recyclé, on continuera à courir après une pollution qu’on crée nous-mêmes, analyse le professeur Sébastien Bourdin à l’occasion de la journée mondiale du recyclage du 18 mars.
Dans un centre de recyclage à Saint-Denis-de-Pile (Gironde) en décembre 2024. (Thibaud Moritz/AFP)
par Sébastien Bourdin, professeur de géographie économique à l’EM Normandie, titulaire de la chaire d’excellence européenne Economie circulaire et territoires
publié le 17 mars 2025 à 11h16

Chaque année, le 18 mars, la France célèbre la Journée mondiale du recyclage, avec la même autosatisfaction. Nos gestes de tri progressent, nos centres de recyclage se modernisent, et la filière se présente comme un pilier de la transition écologique. Pourtant, derrière ce discours lisse, la réalité est bien différente. La France, qui aime se rêver en championne verte, reste en réalité à la traîne, engluée dans un modèle où la production de déchets ne cesse d’augmenter, alors même que leur réduction à la source reste largement oubliée.

En 1960, un Français produisait environ 300 kilos de déchets ménagers par an. En 2023, ce chiffre dépasse les 580 kilos (Ademe). En soixante ans, la quantité de déchets par habitant a quasiment doublé, reflet direct de la consommation de masse, de l’explosion de l’e-commerce et de la prolifération des emballages à usage unique.

Face à cette marée montante, le recyclage a été érigé en solution miracle. On a multiplié les consignes, perfectionné les équipements, optimisé la séparation des flux. Mais ce vernis technologique ne masque plus les failles du système. Aujourd’hui, seuls 42 % des déchets ménagers sont recyclés en France (Eurostat, 2023), loin derrière l’Allemagne (67 %) ou la Belgique (55 %). Pour les plastiques, le constat est encore plus cruel : à peine 25 % sont réellement recyclés (Ademe, 2023). Tou