Les référendums organisés par la Russie dans les régions de Donetsk et Louhansk, ainsi que deux régions du sud de l’Ukraine, vont permettre à Vladimir Poutine de déclarer que ces territoires appartiennent à son pays. A ses yeux, toute offensive militaire dans ces zones constituera une agression contre l’Etat russe. Cette instrumentalisation du référendum est inédite : c’est pour lui une arme, qui pare ses velléités rattachistes d’un vernis de légalité internationale, dans la continuité du fameux «droit des peuples à disposer d’eux-mêmes».
Dans les années 80, la politique de Glasnost («transparence») menée par Gorbatchev remet au goût du jour le référendum dans l’espace soviétique, où il avait été abandonné. En 1990-1991, ces scrutins aboutissent démocratiquement à la fin de l’URSS avec la sécession successive des quinze Républiques la composant. Mais l’usage ultérieur des référendums d’autodétermination a dévoyé le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, au bénéfice de la Russie qui souhaitait dans un premier temps garantir la stabilité de son «étranger proche», avant d’exploiter les velléités de rattachement à la Russie pour accroître sa capacité de contrôle et d’influence sur ses voisins. Elle a donc priorisé l’intangibilité des frontières par rapport à l’autodétermination, ces deux principes égaux en droit internat