Réélu président de la République, Emmanuel Macron a annoncé, avant les élections législatives, la création d’un Conseil national de la refondation en référence directe au Conseil national de la résistance (CNR). Mais la référence est trompeuse car la refondation en question ne s’inscrit d’aucune manière dans la logique du CNR.
Créé en mai 1943, le CNR regroupait les mouvements, partis et syndicats couvrant de la gauche à la droite tout le spectre idéologique et politique de la France résistante. Le 15 mars 1944, il adopta à l’unanimité de ses membres un programme déclinant les principes sur lesquels devrait être fondée l’organisation économique et sociale du pays libéré. La mise en œuvre en était achevée pour l’essentiel en 1947 avec un rôle éminent dévolu à un Etat puissant et régulateur, la création d’une sécurité sociale, des droits nouveaux à des catégories de la population jusque-là délaissées. Dès septembre 1944, le CNR s’était effacé devant le gouvernement provisoire du général de Gaulle. Son souvenir s’estompa étonnamment vite de l’horizon politique et mental des contemporains.
Il fallut attendre les premiers effets de la vague néolibérale portée par Thatcher au Royaume-Uni et Reagan aux Etats-Unis pour que, peu à peu, la référence aux «jours heureux» – ti