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TRIBUNE

Rendre hommage à un pilier de l’OAS, c’est légitimer le racisme

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Guerre d'Algérie (1954-1962), un conflit historiquedossier
A Perpignan, le maire RN, Louis Aliot, inaugure une exposition sur «l’illusion de la paix en Algérie» après avoir renommé une esplanade «Pierre Sergent», officier de l’organisation terroriste. Soixante et un ans après les accords d’Evian, cet hommage radicalise les militants d’extrême droite, dénonce un collectif dont Michèle et Pierre Audin ainsi que Benjamin Stora.
S’il fut un élu de Perpignan, Pierre Sergent fut surtout une figure majeure de l’Organisation de l’armée secrète, groupe terroriste d’extrême droite. (Ulrich Lebeuf/M.Y.O.P.)
par Un collectif d'historiens et de personnalités
publié le 19 mars 2023 à 8h04

Ce dimanche 19 mars 2023, nous commémorons le 61e anniversaire de l’acte fondamental posé par la signature des accords d’Evian négociés entre le GPRA et le gouvernement français : l’entrée en vigueur d’un cessez-le-feu officiel entre les belligérants qui annonce la fin de la guerre d’Algérie et ouvre la voie à l’Indépendance.

Nostalgique de l’Algérie française, Louis Aliot, maire RN de Perpignan, marque cette date en inaugurant une exposition intitulée «19 mars 1962 : l’illusion de la paix en Algérie». Et ceci, quelques mois après avoir décidé d’honorer Pierre Sergent en donnant le nom de celui-ci à un espace de Perpignan. Or s’il fut un élu de la ville, Pierre Sergent fut surtout une figure majeure de l’Organisation de l’armée secrète (OAS), groupe terroriste d’extrême droite qui tenta par la violence de maintenir la tutelle coloniale de la France sur l’Algérie.

L’objectif principal que s’était assigné l’OAS se solda par un échec puisqu’en 1962 s’achèvent 132 ans de colonisation française en Algérie. Cette sortie du colonialisme est une victoire pour les nationalistes algériens et leurs alliés. Le 5 juillet 1962, jour de la proclamation de l’indépendance, les drapeaux et les youyous dans les rues d’Algérie sont bien plus que des explosions de joie : ils sont un acte de souveraineté et de dignité.

Chez une partie des centaines de milliers d’appelés embarqués dans une guerre qui les dépassait, 1962 est une source de rancœur et un carburant au racisme. Mais elle constitue pour la