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Retraites : la réforme macroniste renforce une conception masculine du travail

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Une inégalité est à la source de toutes les autres : l’absence de reconnaissance du travail domestique et parental. Ce travail a été et est toujours exercé aux deux tiers par les femmes et il n’est ni rémunéré ni reconnu comme un travail, y compris a posteriori, au moment des séparations conjugales, de la retraite ou du veuvage.

«L’inégalité qui est à la source de toutes les autres : l’absence de reconnaissance du travail domestique et parental.» (Martin Bertrand /Hans Lucas. AFP)
Par
Céline Bessière
Professeure de sociologie à l'université Paris-Dauphine (Université PSL) et membre du laboratoire Irisso
Sibylle Gollac
Sociologue, chargée de recherche au CNRS
Publié le 30/01/2023 à 16h41

Depuis la parution dans la presse de l’étude d’impact de la réforme des retraites, même le gouvernement reconnaît ce que la quasi-totalité des économistes, des sociologues et des journalistes expliquent depuis plusieurs semaines : les femmes vont pâtir de la réforme encore plus que les hommes. Elles vont devoir fournir davantage de trimestres supplémentaires si elles veulent prétendre au même niveau de pension qu’avant – déjà 40 % plus bas que celui des hommes ! Elles subiront plus fortement les décotes liées aux carrières incomplètes. Et même celles qui avaient tous leurs trimestres, grâce aux majorations dues à la maternité, vont devoir travailler un à deux ans de plus – comme si ces majorations avaient été supprimées. La prise en compte des congés parentaux, des aides familiales et la revalorisation des minima de pension (à condition d’avoir une carrière complète) n’amélioreront la situation que pour quelques milliers de femmes. Pour la grande majorité des travailleuses des classes moyennes et populaires, la situation se détériorera franchement, davantage que pour leurs collègues masculins, pour leurs conjoints,