Menu
Libération
TRIBUNE

Revente de livres : «l’occasion» cannibalise les auteurs

Article réservé aux abonnés
Les plateformes de vente de livres d’occasion comme Amazon ne paient pas de droits d’auteur, déplore la Société des gens de lettres, qui appelle les parlementaires à adopter un amendement budgétaire pour taxer ces grandes entreprises.
En 2012, sur le site du détaillant Amazon, à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire). (Philippe Merle/AFP)
par Christophe Hardy, auteur et président de la Société des gens de lettres (SGDL)
publié le 26 octobre 2024 à 10h56

Les lecteurs savent-ils que, sur les ouvrages qu’ils achètent d’occasion, les auteurs ne touchent rien. Rien. En quatre lettres. Les droits d’auteur ont disparu. On dit très savamment – et sur ce point la science juridique est cruelle – qu’il y a «épuisement du droit» parce que l’occasion procède de la revente d’un livre neuf qui, lui, a déjà généré des droits. Passons sur le fait qu’une œuvre de l’esprit, votre création, puisse continuer à générer des gains pour des revendeurs alors qu’elle n’en produit plus pour vous, le créateur. C’est un débat philosophique et juridique qui dépasse largement le cadre de ma réflexion.

Observons plutôt l’évolution récente d’un marché en pleine expansion et en pleine métamorphose. Elle a de quoi nous alarmer. L’étude sur «le Marché du livre d’occasion», publiée en 2024 par le ministère de la Culture, a montré qu’en 2022, un livre sur cinq était acheté d’occasion, que le nombre d’acheteurs de livres d’occasion augmente de manière constante depuis dix ans, que le chiffre d’affaires de ces revendeurs s’élevait à 350 millions d’euros en 2022 (soit 10 % du chiffre d’affaires du livre neuf) et qu’il co