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RN au pouvoir : le risque d’un climatoscepticisme d’Etat, par Camille Etienne et Antoine Dubiau

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L’amplification des catastrophes climatiques et la montée du fascisme se conjuguent. Qu’elle se revendique ou non écologiste, l’extrême droite porte un projet politique réactionnaire et violent pour les plus vulnérables. S’y opposer doit rester le cap de l’engagement progressiste, affirment la militante écologiste et le géographe.

Hénin-Beaumont, le 10 septembre 2023. Rentrée politique de Marine le Pen (D dans la voiture), députée RN de la 11ème circonscription du Pas-de-Calais, présidente du groupe Rassemblement national à l'Assemblée nationale, lors de la grande braderie, en présence de Steeve Briois (G dans la voiture), maire RN d'Hénin-Beaumont. (Stéphane Dubromel/Hans Lucas pour Libération)
Par
Camille Etienne
militante écologiste
Antoine Dubiau
géographe, doctorant à l’Université de Genève
Publié le 02/07/2024 à 20h06

La France est assommée par deux réalités qui ne font que s’amplifier : les catastrophes écologiques et la possible accession au pouvoir de l’extrême droite. Toutes deux semblent s’entretenir : les résultats du premier tour des élections législatives reflètent cette dynamique mortifère. Comment désastre écologique et montée du fascisme se conjuguent-ils ?

Le Front national assumait hier son climatoscepticisme. En 2010, la première conférence tenue par le parti sur le sujet s’intitulait : «Changement climatique : mythe ou réalité ?». Spoiler, Jean-Marie Le Pen y parlait de catastrophisme visant à faire accepter une nouvelle vague migratoire. Cette vision des choses n’a pas disparu : en 2023, le député Thomas Ménagé accusait sur France Inter le Giec d’«exagérer», et appelait à tempérer les données de ses rapports.

Plus inquiétant encore, il semble que le vote d’extrême droite ne diminue pas avec l’aggravation des conséquences du réchauffement climatique global, même lors d’épisodes extrêmes. Ce serait même plutôt l’inverse : en Suède, à la suite des canicules de l’été 2018, le parti nationaliste les Démocrates de Suède a obtenu ses meilleurs résultats – notamment dans les régions les plus touchées par les mégafeux nés de ces vagues de chaleur – en appuyant son programme sur la suppression