Sept jours. Sept jours seulement se sont écoulés entre deux moments d’intense communion nationale. Le vibrant hommage et l’éloge unanime entourant la disparition de Robert Badinter ont souligné l’ampleur de la perte : non pas seulement celle d’un flamboyant avocat devenu une figure politique faisant la fierté de la gauche française, mais ce qu’il convient de nommer une conscience morale. De quoi s’agit-il ? D’une personnalité ayant placé la dignité humaine et l’horizon de justice au sommet de tout. Et ayant incarné cette idée plus haute que soi-même au fil d’une vie entière jusqu’à la faire advenir, au nom d’un idéal que Robert Badinter résumait ainsi, dans les pas et avec les mots de Victor Hugo : ne jamais retirer à un être humain sa vie pour ne jamais le priver de la possibilité de devenir meilleur. Eblouissant héritage des Lumières qui, par-delà les siècles et leurs vicissitudes, éclaire aujourd’hui notre route de réconfortante façon.
Incarnation d’un combat supérieur et incontestable
Si un fil poétique peut être tiré entre Hugo et Aragon, ce n’est pas au poète d’origine arménienne que la République a ouvert les portes du Panthéon ce 21 février : outre la beauté de ses textes, c’est à l’homme – et à sa compagne – qui a su lui aussi, avec ses 22 compagnons d’infortune et d’héroïsme, se hisser au-delà de lui-même pour incarner un combat supérieur et incontestable.