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TRIBUNE

Santé: la rupture, c’est maintenant

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C’est un quinquennat blanc qui s’achève sur le plan de la santé, faute d’avoir mené les réformes nécessaires comme la fin de la liberté d’installation des médecins ou l’allégement de la bureaucratie à l’hôpital, estime un ancien président de la Conférence nationale des directeurs de centres hospitaliers.
«La désertification a pour cause le numerus clausus instauré en 1971 qui atteindra le chiffre record de 3 500 en 1993.» Ici, en Auvergne, en 2017. (ludovic combe/Libération)
par Alexis Dussol, Consultant en santé. Ancien président de la Conférence nationale des directeurs de centres hospitaliers, CNDCH (1997-2002)
publié le 24 février 2022 à 7h51

Le système de santé se débat depuis une vingtaine d’années dans une crise sans fin. On avait fini par s’y habituer jusqu’à ce que la pandémie nous rappelle à la réalité. C’est désormais la deuxième préoccupation des Français, après le pouvoir d’achat (1). Si le sujet ne fait pas encore la une de ce début de campagne présidentielle, il faut souhaiter que la santé devienne une des priorités du futur locataire de l’Elysée. Il faut remonter au siècle dernier pour trouver la seule vraie réforme du système de santé. C’était le plan Juppé. Les réformes se sont pourtant succédé depuis, chaque ministre accolant son nom à une énième loi, complexifiant et bureaucratisant un peu plus le système.

Les gouvernants ne savent plus trop comment s’y prendre pour le réformer

Hôpital, médecine de ville ou médico-social, aucun des secteurs n’est épargné par la crise alors que le déficit de la sécurité sociale pulvérise des records. Trois réformes auront fait beaucoup de mal à l’hôpital : ce fut d’abord la marche forcée des 35 heures, mais ce sont surtout les réformes néolibérales Mattei et Bachelot qui ont eu un effet délétère. Elles ont forcé l’hôpital public à fonctionner comme une entreprise. La T2A [la tarification par activité, ndlr] a déclenché une course sans fin à la rentabi