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TRIBUNE

Scandale du chlordécone : la conspiration du silence doit cesser pour que la vérité advienne

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La biodiversitédossier
Le 10 juin, la cour d’appel de Paris devra se prononcer sur l’ordonnance de non-lieu rendue début 2023 dans l’affaire du pesticide utilisé aux Antilles durant plusieurs décennies. Un débat public est indispensable pour permettre, au grand jour et par un examen contradictoire, la manifestation de la vérité, estime un collectif composé notamment des avocats de la partie civile.
Vue en 2020 sur la rivière du Galion qui traverse des plantations de bananes. En Martinique, la pêche est interdite à cause de la contamination au chlordécone. (Benoit Durand/Hans Lucas)
par Malcom Ferdinand, chercheur au CNRS, auteur du livre auteur «Une écologie décoloniale», Seuil 2019., Jean-Marie Flower, écologue et président de l’Association vivre, Patricia Chatenay-Rivauday, vice-présidente de l'Association vivre, Christophe Lèguevaques, avocat au barreau de Paris et Pierre Delivret et Jérémy Bousquet, avocats au barreau de Toulouse
publié le 6 juin 2024 à 11h27

Le 10 juin 2024 à 9 heures, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris tiendra son audience sur l’appel contre l’ordonnance de non-lieu rendue le 3 janvier 2023 par les juges d’instruction en charge du dossier chlordécone, ce pesticide aussi puissant que permanent qui continue à polluer les sols et les eaux des Antilles. Une question se pose : «La justice, hors et dans l’Hexagone, est-elle en capacité de sanctionner efficacement les pollueurs et leurs complices afin de protéger les générations futures ?».

Pour cette audience en appel, nous ne voulons pas de débats en catimini dans une salle d’audience à huis clos, tout comme il a été insupportable que les juges d’instruction ne sortent pas de leur bureau parisien et ne prennent même pas la peine de se déplacer pour apprécier l’ampleur de cette catastrophe sanitaire et environnementale.

Nous voulons un débat public pour permettre, au grand jour et aux termes d’un examen contradictoire, la manifestation de la vérité : les profiteurs économiques doivent rendre a minima des comptes, les dirigeants administratifs doivent cesser de se cacher dans les complexités institutionnelles qui diluent les responsabilités, les décideurs politiques qui, par couardise ou complaisance, doivent répondre de leur abstention fautive.

A quoi bon reconnaître comme l’ont fait les juges d’instruction le 2 janvie