Entre la France et l’Algérie, les tensions diplomatiques persistent. Alors que l’écrivain binational Boualem Sansal est toujours emprisonné, en France la droite et l’extrême droite instrumentalisent la mémoire coloniale. Ces polémiques médiatiques et ce bras de fer entre gouvernements ne sauraient éclipser la densité des liens intimes tissés entre les deux sociétés. De la nécessité de reconnaître les crimes de la colonisation à la valorisation d’une culture commune, Libération a voulu donner la parole à des spécialistes de cette relation aussi riche que douloureuse.
Organisée en catégories raciales, une colonie de peuplement repose sur la suprématie de la minorité coloniale. En Algérie, les recensements distinguaient officiellement les «musulmans» et les «non-musulmans» – respectivement au nombre de 8,455 millions et 984 000 en 1954. Le vocabulaire de la «race» était couramment employé par les contemporains, selon une acception mêlant apparence physique, caractéristiques culturelles (langue, religion, vêtements, cuisine, pratiques matrimoniales et familiales…) et rang social – parmi les «musulmans», les «évolués» sont censés s’être acculturés.