Menu
Libération
France Algérie : réparer les liens (3/6)

La colonisation est à ranger au titre des entreprises inhumaines, par Sylvie Thénault

Article réservé aux abonnés
Les discriminations et les violences ont été le moteur de l’histoire de l’Algérie coloniale, au contraire des amitiés et des sociabilités partagées entre «musulmans» et «non-musulmans», qui sont restées très limitées, explique l’historienne.
En 1948, discours d’ouverture du gouverneur général Naegelen à l’Assemblée algérienne, créée en 1947. (Keystone-France/Keystone-France. Gamma-Rapho)
par Sylvie Thénault, historienne
publié le 25 avril 2025 à 6h24

Entre la France et l’Algérie, les tensions diplomatiques persistent. Alors que l’écrivain binational Boualem Sansal est toujours emprisonné, en France la droite et l’extrême droite instrumentalisent la mémoire coloniale. Ces polémiques médiatiques et ce bras de fer entre gouvernements ne sauraient éclipser la densité des liens intimes tissés entre les deux sociétés. De la nécessité de reconnaître les crimes de la colonisation à la valorisation d’une culture commune, Libération a voulu donner la parole à des spécialistes de cette relation aussi riche que douloureuse.

Organisée en catégories raciales, une colonie de peuplement repose sur la suprématie de la minorité coloniale. En Algérie, les recensements distinguaient officiellement les «musulmans» et les «non-musulmans» – respectivement au nombre de 8,455 millions et 984 000 en 1954. Le vocabulaire de la «race» était couramment employé par les contemporains, selon une acception mêlant apparence physique, caractéristiques culturelles (langue, religion, vêtements, cuisine, pratiques matrimoniales et familiales…) et rang social – parmi les «musulmans», les «évolués» sont censés s’être acculturés.