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Libération
France-Algérie : réparer les liens (4/6)

Une colonisation de 132 ans mérite davantage que trois heures de cours par-ci, par-là

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La crise entre la France et l'Algériedossier
Enseigner la guerre d’Algérie à des lycéens, c’est parler de faits qui résonnent dans les vies des élèves. Il faut faire en sorte que ces histoires individuelles ne restent pas à la marge des programmes scolaires, estime l’enseignante Manel Ben-Boubaker.
En 2019, lors de la victoire de l'équipe de foot d'Algérie en finale de la coupe d'Afrique des nations face au Sénégal (1-0), fêtée ici à Barbès. (Antoni Lallican/Hans Lucas. AFP)
par Manel Ben Boubaker, professeure d'histoire-géographie dans l'académie de Créteil et autrice
publié le 26 avril 2025 à 6h42

Entre la France et l’Algérie, les tensions diplomatiques persistent. Alors que l’écrivain binational Boualem Sansal est toujours emprisonné, en France la droite et l’extrême droite instrumentalisent la mémoire coloniale. Ces polémiques médiatiques et ce bras de fer entre gouvernements ne sauraient éclipser la densité des liens intimes tissés entre les deux sociétés. De la nécessité de reconnaître les crimes de la colonisation à la valorisation d’une culture commune, Libération a voulu donner la parole à des spécialistes de cette relation aussi riche que douloureuse.

L’année dernière, j’ai demandé à mes élèves de terminale de réaliser un exposé sur un pays ayant connu la colonisation. Deux garçons, grands gaillards de 18 ans d’origine algérienne, ont choisi de travailler sur leur autre pays. Le résultat, bluffant, était une vidéo de vulgarisation historique digne de youtubeurs professionnels, avec mise en scène dans un salon marocain, et un immense drapeau de l’Algérie comme tableau de fond. Les deux discutent pendant dix minutes, thé à la menthe à la main, de la résistance d’Abdelkader, de la naissance d’une colonie de peuplement et de ses conséquences pour les Algérien·ne·s, de la