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TRIBUNE

Si la ruralité désespère de la gauche, Jean-Luc, c’est parce que tu ne lui parles plus, par Rémi Branco

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Le vice-président du conseil départemental du Lot (PS) répond à Jean-Luc Mélenchon qui invitait les militants insoumis à se focaliser sur les jeunes et les quartiers populaires, quitte à «laisser tomber le reste».
Une affiche de campagne pour la présidentielle de 2022 à Paris. (Cyril Zannettacci/Vu pour Libération)
par Rémi Branco, vice-président du conseil départemental du Lot (PS)
publié le 18 septembre 2024 à 13h09

Cher Jean-Luc Mélenchon, cher camarade,

Je t’ai écouté cette semaine depuis mon village de Puy-l’Evêque dans la vallée du Lot. Tu sais, ici comme ailleurs, tout le monde te regarde sur les chaînes infos ou sur Tik Tok, selon l’âge. Nous t’avons donc entendu expliquer à des militants à Paris qu’il fallait mobiliser la jeunesse et les quartiers populaires. Et puis tu as ajouté ceci : «Tout le reste, laissez tomber, on perd notre temps. Là se trouve la masse des gens qui ont intérêt à une politique de gauche.»

J’ai réécouté deux fois, trois fois. Sidéré. Te rends-tu compte de la violence de ta phrase ? Nous sommes donc à tes yeux «le reste», sorte de version insoumise des «gens qui ne sont rien» d’Emmanuel Macron.

Tu sais, «le reste» c’est précisément comme ça qu’on se sent souvent perçus dans nos ruralités et à la périphérie des métropoles. «On va faire des TGV pour relier les grandes villes, le reste… On va y construire de beaux CHU, le reste… On va leur mettre des agences “France services” et tout ira bien.» Ce que tu appelles «le reste», ce sont des territoires qui ont vu des industries partir, les services publics reculer, des gares fermer, des médecins disparaître, le prix du carburant et du fioul s’envoler aussi vite que le vote RN dans l’indifférence quasi générale. Bref, je pense du moins j’espère que je ne t’apprends rien.

L’abandon en rase campagne

Ce «reste», il désespère de la gauche. Il désespère de ne jamais t’entendre le défendre sur toutes ces