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Génération désenfantée

«Si les conservateurs voulaient vraiment relancer la démographie, ils s’attaqueraient aux perturbateurs endocriniens»

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Le Parlement européen s’inquiète de la baisse de la natalité en Europe, et organise un débat sur le sujet ce mercredi 22 janvier. Mais il ne se soucie pas de ces produits chimiques dont l’effet sur la fertilité est largement avéré, alertent les eurodéputés Emma Rafowicz et Christophe Clergeau.
Photo issue de la série «Devour» (2019-2023), de Véronique L’Hoste. (Véronique Lhoste)
par Les députés européens PS Emma Rafowicz et Christophe Clergeau
publié le 22 janvier 2025 à 6h00

Génération désenfantée

Mauvaise nouvelle pour les partisans du «réarmement démographique» : avec 1,62 enfant par femme en 2024, la natalité n'a jamais été aussi basse en France depuis 80 ans. Peur de l'avenir, précarité économique, choix de vie... faut-il s'inquiéter, ou y voir des évolutions positives ? Après tout, c'est aussi le signe qu'on fait des enfants quand on les veut vraiment, et qu'on en a moins pour s'en occuper mieux. Pistes d'explications et tentatives de réponses dans cette série au long cours.

A Bruxelles, les conservateurs de droite et d’extrême droite pleurent sur le déclin démographique européen. Pour eux, la seule variable d’un système économique à bout de souffle serait la reprise de la natalité. Une belle occasion de tenir responsable et de culpabiliser à nouveau les femmes qui ne feraient «plus assez d’enfants» et qui réduit le corps des femmes à une seule vision utilitariste. Il suffira d’une «crise démographique» pour justifier la reprise de contrôle de leurs corps, comme le fait craindre la multiplication des attaques contre le droit à l’avortement, notamment en Italie ou en Hongrie.

S’ils voulaient vraiment relancer la démographie, ils s’attaqueraient aux causes de l’infertilité des couples qui souhaitent avoir des enfants – et, en première ligne, les fameux perturbateurs endocriniens. Dans ses conclusions de juin 2023, le Conseil européen se veut alarmant sur la chute continue de la population : «La part de l’UE dans la population mondiale continuera de baisser (de 6 % aujourd’hui à moins de 4 % en 2070), entraînant une pression accrue sur les budgets publics.»

Pour y remédier, la Commission présente deux lis