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TRIBUNE

«Si on organisait un référendum à Saint-Pierre-et-Miquelon, Wauquiez passerait vite à la baille», par Jean Lebrun

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Amoureux de l’archipel, le journaliste spécialisé en histoire le compare à un grand poème dramatique et rappelle l’engagement de ses habitants pour la France libre. Mais de cela Laurent Wauquiez, le pseudo-gaulliste, ne sait visiblement rien.
En 2012, Saint-Pierre, sur l'île française de Saint-Pierre-et-Miquelon (Jean-Christophe L'Espagnol/AFP)
par Jean Lebrun, historien, ancien producteur à France Culture et à France Inter
publié le 15 avril 2025 à 12h46

Avec son projet de centre de rétention à Saint-Pierre-et-Miquelon, Laurent Wauquiez, président du groupe La Droite républicaine à l’Assemblée nationale, a blessé les habitants de l’archipel. Ils veulent bien qu’on présente leurs 242 km² comme une tête d’épingle dans l’Océan, mais ils n’aiment pas être traités comme des chiures de mouche. Ils ont participé, depuis le XVIe siècle, à un grand métier, la pêche à la morue, et tenu dans son commerce mondialisé une manière de hub : on venait de partout s’approvisionner, se réparer, se divertir à Saint-Pierre. Enfant de Saint-Malo, je suis tombé amoureux de l’archipel bien avant de le connaître en écoutant les anciens marins raconter le comptoir et la salle de bal du Joinville où la morue devenait joyeuse dans un océan de pièces innombrables – francs, dollars, doublons. Il se disait qu’une nuit à Saint-Pierre en valait dix à Terre-Neuve. Rançon des succès : on ne comptait pas non plus les tempêtes, les naufrages, les incendies. L’archipel, c’est une matière tragique comme il y a une matière de Bretagne, un grand poème dramatique : l’infiniment petit peut receler l’infiniment grand. Laurent Wauquiez devrait réviser ses représentations.

Certes, comme il le dit sans en avoir fait l’expérience, l’hiver y est rude et long. Le Premier ministre, Albe