Trente ans ont passé depuis que plus de 8 000 hommes et garçons bosniaques ont été exécutés à Srebrenica entre le 11 et le 15 juillet 1995 sous les yeux du monde après que le tri entre les hommes et les femmes a été fait devant les caméras de télévision.
Trente ans depuis que les forces serbes de Bosnie, commandées par Ratko Mladic, ont franchi les lignes de la zone «protégée» des Nations unies, sans que les soldats qui s’y trouvaient – des Casques bleus néerlandais – puissent ou veuillent empêcher le massacre. Trente ans que l’Europe vit avec cette blessure dans sa conscience, comme un rappel tragique de ce que son silence, son aveuglement et son indécision peuvent coûter.
Pour moi, Srebrenica ne fut pas un étonnement. En 1994, je m’étais engagé dans les Casques bleus français dans la poche de Bihac, dans le nord-ouest de la Bosnie. Conducteur de blindé dans une compagnie de combat d’infanterie, j’avais vu durant l’été 1994 l’encerclement et l’abandon progressif par les Nations unies d’une autre «zone de sécurité». La Bosnie comptait alors six de ces territoires pour lesquels le Conseil de