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tribune

Suicide de Caroline Grandjean : «J’aimerais dire que son agonie m’est inimaginable, mais ce serait mentir»

Le cofondateur de l’association Queer Education est bouleversé par ce qu’il décrit comme le «meurtre institutionnel» de la directrice d’école du Cantal. Il raconte les «torrents d’insultes homophobes» qu’il a, lui aussi, reçus en classe et l’absence de soutien de sa hiérarchie.

A Moussages, dans le Cantal, le 2 septembre. (Julien Coquentin/Hans Lucas pour Libération)
Par
Timothée Magellan, professeur de français, cofondateur de l'association Queer Education
Publié le 05/09/2025 à 8h34

Le suicide de Caroline n’est rien d’autre qu’un meurtre institutionnel au long cours, et j’aimerais dire que son agonie m’est inimaginable, mais ce serait là mentir.

Aujourd’hui, c’est à nous qu’il incombe de pointer, sans relâche, les coupables de sa mort, et ils sont nombreux. L’institution l’a tuée au sens où il y a eu des mains pour écrire des mails doucereux, des messages calomnieux, il y a eu des langues pour médire, conspuer, mépriser, nier, oblitérer. Il y a eu des gestes signifiant l’exaspération, la gêne (1), l’agacement. Par les visages, par les mains de collègues, d’inspectrice, de représentants politiques, l’homophobie de l’institution s’est démesurément incarnée.

Comme Caroline ces derniers mois,