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TRIBUNE

Supprimer les ZFE revient à menacer la santé, les plus précaires et les finances publiques

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Les parlementaires discutent d’une possible disparition des zones à faibles émissions, pourtant essentielles dans la lutte pour une meilleure qualité de l’air. Des leviers existent pour rendre ce dispositif acceptable, comme poursuivre l’effort de massification des transports en commun vers les zones périurbaines, estiment le chercheur François Gemenne et une dizaine de spécialistes.
Dans une ZFE à Lyon, en 2025. (Olivier Chassignole/AFP)
par Un collectif de chercheurs et de spécialistes du climat
publié le 8 avril 2025 à 15h16

Le déploiement des zones à faibles émissions (ZFE), prévues par la loi d’orientation des mobilités (2019) et la loi climat et résilience (2021), est menacé. Le dispositif, qui vise à retirer progressivement les véhicules les plus émissifs des plus grandes agglomérations, en faveur de la qualité de l’air, a toujours suscité des réactions. Mais la récente prise de position de députés en faveur de la disparition des zones à faibles émissions (ZFE), contre l’avis du gouvernement, menace d’enterrer l’outil. Ces oppositions au dispositif martèlent les lenteurs dans l’évolution du parc automobile : les véhicules électriques sont encore chers, le marché de l’occasion se déploie lentement et les finances publiques sont contraintes.

Rappelons que l’objectif des ZFE est de réduire la pollution atmosphérique, responsable de 40 000 décès chaque année en France, selon Santé publique. Dans les zones urbaines, le trafic routier représente la principale source d’émission de dioxyde d’azote (NO₂) et une source majeure de particules fines (PM₁₀ et PM₂.₅). En région lyonnaise, plus de 5 % des décès annuels sont imputables au dioxyde d’azote généré par le trafic routier (selon une étude de Santé publique France de 2021). La ZFE est bien un dispositif de santé publique et il est dès lors impératif d’orienter le débat sur leur acceptabilité sociale et de les associer à des mesures bien ciblées.

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