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TRIBUNE

Réforme des retraites : tirons les leçons de la «France à l’arrêt» de 2010

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Le 12 octobre 2010, les mobilisations pour défendre la retraite à 60 ans avaient déjà entraîné des grèves reconductibles dans certains secteurs. Retour sur une date qui évoque la journée de mobilisation à venir du 7 mars 2023 par les historiens Hugo Melchior et Stéphane Sirot.
En 2010, à Lille, lors de la manifestation contre le projet du président Sarkozy de relever l'âge de la retraite à 62 ans. (Denis Charlet /AFP)
par Hugo Melchior, Historien, spécialiste des mouvements étudiants et de l'extrême gauche et Stéphane Sirot, Historien, spécialiste du syndicalisme et des conflits sociaux
publié le 4 mars 2023 à 8h02

Le 21 février 2023, l’intersyndicale a réitéré son objectif de suspendre, le 7 mars, par des arrêts de travail et des manifestations, la normalité quotidienne partout en France. Il est notable qu’elle ne recourt pas à l’expression mythique de «grève générale» (ni même à celle de «grève généralisée») faisant le choix de parler de «mettre la France à l’arrêt» ou de «véritable journée morte». Cette expression euphémise le désir de voir les flux et les procès de travail entravés afin de rendre remarquable le refus d’une majorité de Français de consentir à ce changement des règles en matière de retraites. A l’automne 2010 déjà, lors de la mobilisation pour la défense du droit à la retraite à 60 ans, conquête par excellence des gauches au pouvoir dans la mémoire collective, ce mot d’ordre de «grève générale» ou «généralisée» était jusqu’à la fin demeuré tabou dans l’intersyndicale.

Automne 2010. Parlons-en. Si d’aucuns dressent des parallèles entre la mobilisation actuelle et novembre-décembre 1995, cette journée du 7 mars rappelle d’abord celle mémorable du 12 octobre 2010. En effet, si les confédérations syndicales n’enjoignirent pas alors à mettre «la France à l’arrêt», co