Pourquoi devrait-on toujours se taire ou afficher de la tristesse quand quelqu’un meurt, même s’il a semé la haine toute sa vie ? Est-ce vraiment honteux de ressentir un peu de joie à la mort d’un homme comme Jean-Marie Le Pen ?
Le 21 avril 2002, j’étais en Allemagne, à la fin d’un périple à vélo pour sensibiliser la planète au sida. Ce jour-là, l’impensable s’est affiché sur l’écran de la télévision : Jean-Marie Le Pen accédait au second tour de l’élection présidentielle. Une claque.
A des kilomètres de la France, j’ai pleuré.
Je venais de passer huit ans en Australie, bercé par l’insouciance d’un pays paisible. Quatre ans plus tôt, la France multicolore de Zidane, d’Henry et de Barthez, soulevait sa première Coupe du monde. J’avais cru, naïvement, que nous avions enterré nos vieux démons.
Mais chaque élection ravive la peur de l’extrême droite au pouvoir. L’homme est mort, mais ses idées, comme partout ailleurs, gagnent du terrain. Elles ont de nouveaux visages : Marine, Jordan… Leurs sourires sont plus lisses, mais la haine, elle, n’a pas changé.
En 2007, journaliste pour France 3, je couvrais un reportage sur Jean-Marie Le Pen. Il se tenait là, devant moi. Un sourire poli, une main tendue.
Je l’ai serrée. J’avais envie de la retirer, de lui tourner le dos. De lui cracher au visage. Je pensais à Brahim