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TRIBUNE

Transférer Salah Abdeslam en France, c’est le condamner à une peine de mort déguisée

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Procès des attentats du 13 Novembre 2015dossier
Eric Dupond-Moretti a annoncé mercredi l’arrivée du terroriste sur le territoire où il est condamné à la perpétuité incompressible. Son prédécesseur Robert Badinter disait de l’extension sans fin de la mesure de sûreté qu’«on ne remplace pas un supplice par un autre».
Au centre pénitentiaire de Fleury-Mérogis (Essonne). (Cyril Zannettacci/Vu pour Libération)
par Martin Vettes, avocat de Salah Abdeslam
publié le 12 février 2024 à 6h07

Le 7 février, Eric Dupond-Moretti, se fendait d’un tweet triomphal annonçant l’incarcération de Salah Abdeslam en France«il y purgera sa peine de perpétuité incompressible». Jusqu’alors, Salah Abdeslam était détenu en Belgique, où cette peine n’existe pas. Une décision rendue par la cour d’appel de Bruxelles le 3 octobre faisait d’ailleurs interdiction à l’Etat de le rendre à la France, précisément parce que la perpétuité incompressible telle qu’elle existe sur notre sol est susceptible de constituer un traitement inhumain et dégradant.

Garantir l’exécution de cette peine est bien le véritable enjeu de ce rapatriement sur le sol français, voulu par les associations de victimes dont le ministre s’est ici étrangement fait le relais. Autrement dit, il s’agit de s’assurer que Salah Abdeslam terminera ses jours en prison, ce qui aurait été moins certain s’il était resté en Belgique.

Eric Dupond-Moretti s’enorgueillit ici de la bonne exécution d’une peine d’élimination, dont son illustre prédécesseur Robert Badinter, mort le 9 février, n’a jamais voulu, ainsi qu’il l’affirmait lors de son célèbre discours sur l’abolition : «Le projet n’offre aucune dispo