Face à la dérive sécuritaire et identitaire du régime de Kaïs Saïed, nous ne pouvons plus nous taire.
Nous, citoyens, militants et universitaires des deux rives, nous avions fait une promesse aux lendemains de la chute du régime de Ben Ali en janvier 2011 : ne plus jamais nous taire face aux exactions de la dictature, refusant de céder au chantage à l’ingérence, qui justifie souvent une politique de complaisance à l’égard de l’autoritarisme. Nous pensions alors avoir été entendus, y compris au plus haut niveau de l’Etat, lorsque le ministre des Affaires étrangères de l’époque, Alain Juppé, déclarait le 16 février de la même année, à l’Institut du monde arabe, devant un parterre de diplomates, de hauts fonctionnaires et d’intellectuels : «Trop longtemps, nous avons pensé que les régimes autoritaires étaient les seuls remparts contre l’extrémisme dans le monde arabe. Trop longtemps, nous avons brandi le prétexte de la menace islamiste pour justifier une certaine complaisance à l’égard de gouvernements qui bafouaient la liberté et freinaient le développement de leur pays.»
Le silence face au verdict de la honte
Quatorze ans plus tard, ce sursaut de l