Devant un aréopage d’oligarques, de militaires et de popes réunis le 21 février dernier, Vladimir Poutine a présenté une justification au premier abord surprenante de la guerre qu’il a déclenchée contre l’Ukraine. Ce serait une guerre contre l’«Occident», c’est-à-dire «la destruction des familles, des identités culturelles et nationales, la perversion et la maltraitance des enfants jusqu’à la pédophilie». Les popes ne furent pas les seuls à applaudir cette déclaration qui instaure ce qui se présentait jusque-là comme une «opération militaire spéciale» en véritable guerre métaphysique. C’est la «norme de leur vie» (entendez celle des Occidentaux aux âmes et aux corps corrompus) qu’il s’agirait de combattre. Autant dire que le conflit sera plus long que prévu puisqu’il se situe dans le ciel des valeurs.
Il est difficile de savoir quel est l’effet de ce type d’affirmations sur le moral de la société russe. Sur le plan des «bonnes mœurs», il faut rappeler que le taux de divorce en Russie est supérieur à celui des Etats-Unis, tout comme le nombre moyen d’interruptions de grossesses. Quant aux violences infligées aux enfants, il n’existe pas d’ONG et d’associations indépendantes du pouvoir permettant d’en juger. Mais l’argumentaire de Poutine a depuis longtemps quitté le terrain des faits. Po