Parler du changement climatique, c’est chaque fois convoquer les derniers événements catastrophiques auxquels nous faisons face. Qu’on pense à la vague de chaleur qui a fait plier l’Inde et le Pakistan récemment, qu’on pense à celles qui sont en train de toucher l’Europe, plus un mois ne se passe sans qu’un signal d’alerte ne soit émis. Inondations, canicules, incendies. Plus précoces, plus intenses, plus dévastateurs, ces épisodes nous rappellent toujours plus à notre fragilité et à l’urgence d’agir.
La COP 26 à Glasgow n’était pas à la hauteur des attentes. Incapacité à hisser le niveau d’ambition, incapacité à stabiliser le nécessaire en matière de solidarité envers les Etats du Sud, c’est au spectacle d’un multilatéralisme poussif que nous avons été conviés.
L’urgence est là, la menace se rapproche, les rapports du Giec ne laissent plus d’échappatoire. Le réchauffement est sans conteste d’origine humaine. Le limiter à 1,5 °C n’est plus envisageable qu’au prix de changements rapides et massifs. Le pire n’est pas certain, mais la réussite impose une trajectoire de décarbonation dont nous sommes encore loin.
Au bruit de fond de cette menace, toujours plus sourd, s’ajoute celui des crises qui se sont invitées là où on ne les attendait plus. Le Covid-19 et la guerre en Ukraine. Dans un trop grand nombre de pays, ces crises ont conduit à privilégier ce qui relève de «l’ici et maintenant». Il faut pourtant continuer à embrasser la question climatique avant qu’il ne soit trop tard.
Nous avons besoin de promesses tenues et de moyens. Nous avons besoin d’une réponse systémique pour que les migrations climatiques n’entraînent pas davantage d’effets en cascade non maîtrisables. Ne pas instruire ces questions nous expose au risque d’un décrochage avec les pays vulnérables. Or, nous devons rester ensemble, c’est l’humanité qui est en jeu.
Que chacun prenne sa part
Il importe à présent de trouver de nouveaux équilibres, au premier rang desquels la construction d’un multilatéralisme élargi qui autorise chacun à prendre la part qui lui incombe.
Les villes sont là, elles l’ont toujours été, même dans les moments sombres. Elles se retroussent les manches avec les moyens dont elles disposent pour faire face. Elles inventent, elles créent, elles embarquent les acteurs locaux pour inventer un modèle de société qui tienne compte des ressources locales.
Les villes, y compris celles aux budgets les plus modestes, regorgent d’idées. Des ressources se créent, tantôt le produit de politiques publiques, tantôt d’un surgissement citoyen, porté par des réseaux informels. Ce sont ces richesses qui autorisent l’optimisme.
Aujourd’hui, des moyens sont sur la table mais ne trouvent pas toujours leur destination. Les cadres de financement construits sur des logiques bancaires ne rencontrent pas toujours des garanties que les villes sont en mesure d’offrir. Sans affronter ces difficultés structurelles, c’est un ensemble de villes qui sont tenues à l’écart de l’aide au développement.
Il nous faut aujourd’hui créer les conditions d’un dialogue élargi, vecteur d’échange, de justice et d’attention aux plus vulnérables. C’est la raison pour laquelle la «COP des villes» se tiendra les 1er et 2 juillet à Abidjan autour d’une centaine de maires de villes du monde réunies pour l’occasion.
Elle se tiendra sur un continent touché comme nul autre par le changement climatique et qui ne demande qu’une chose : mettre au service de l’intérêt général son dynamisme, sa créativité, sa jeunesse. Vous pouvez compter sur nous, les maires des villes du monde.
Vous pouvez compter sur notre vigilance, sur notre détermination à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour changer le cours des choses.
Les signataires : Anne Hidalgo Maire de Paris, Robert Beugré Mambé Gouverneur du district autonome d’Abidjan, Souad Abderrahim Cheikh El Médina de Tunis, LaToya Cantrell Maire de La Nouvelle-Orléans, Philippe Close Bourgmestre de Bruxelles, Frank Cownie Président des Gouvernements locaux pour la durabilité (Iclei) et maire de la ville de Des Moines, Etats-Unis, Willy Demeyer Bourgmestre de Liège, Franziska Giffey Bourgmestre, gouverneure de Berlin, Roberto Gualtieri Maire de Rome, Ron Huldai Maire de Tel-Aviv-Yafo, Grégoire Junod Syndic de Lausanne, Sadiq Khan Maire de Londres et président du C40, Fatimetou Abdel Malick Présidente de la région de Nouakchott et présidente de CGLU-A, Carlos Moedas Maire de Lisbonne, Maxime Prévot Député et bourgmestre de Namur, Rafal Trzaskowski Maire de Varsovie.