Alors que se profilent dans quelques mois les prochaines élections européennes, une partie croissante de la population française s’en désintéresse. Car, si pour les Français les plus diplômés et les plus âgés l’enjeu européen paraît fondamental, il reste source d’incompréhension et d’indifférence pour une majorité de nos concitoyens. C’est singulièrement le cas dans les quartiers populaires, en Hexagone comme dans les outre-mer, où l’Europe semble éloignée des préoccupations premières, éloignée de ce qui touche ses habitants au quotidien.
En 2005, alors que gauche et droite confondues firent campagne pour le «oui», les Français rejetèrent le référendum sur la Constitution de l’Union européenne. La fracture n’était plus partisane, mais sociale : 80 % des ouvriers et 67 % des employés s’opposaient à un projet qui recevait l’assentiment des élites financières et culturelles. Deux ans plus tard, contre la volonté du peuple, le Parlement adoptait le traité de Lisbonne.
Cette trahison démocratique marque une rupture historique entre les membres des classes populaires et la construction européenne. Comprenant qu’elle se ferait sans eux, ils s’en sont désintéressés, ne transmettant pas à leurs enfants cette espérance. La crise de la zone euro, succédant à