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TRIBUNE

Vencorex : chronique d’un renoncement industriel

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Le 10 avril, le tribunal de commerce de Lyon a privilégié la reprise de la plateforme chimique grenobloise par une entreprise chinoise plutôt que le projet coopératif des salariés. Le symptôme de notre incapacité à lancer la reconquête industrielle, regrette Laurence Ruffin, vice-présidente de la Confédération générale des Scop et des Scic.
La déléguée CGT Séverine Dejoux après la décision du tribunal de commerce attribuant la reprise de l'usine Vencorex au groupe chinois Wanhua, le 10 avril 2025, au Pont-de-Claix. (Benoit Pavan/Hans Lucas)
par Laurence Ruffin, vice-présidente de la Confédération générale des Scop et des Scic, et présidente d’Alma, Scop grenobloise
publié le 16 avril 2025 à 16h22

Près de Grenoble, l’usine Vencorex fabrique, depuis 1916, des produits chimiques stratégiques. Pourtant, ce vendredi 11 avril, le tribunal de commerce a tranché : une filiale hongroise du groupe chinois Wanhua reprendra très partiellement le site. Cinquante emplois sont conservés. Reste une friche industrielle polluée, 400 salariés sur le carreau et un risque d’effet domino sur l’économie locale, menaçant plusieurs milliers de postes. Un projet de Scic (Société coopérative d’intérêt collectif) qui reprenait près de 270 salariés pour garantir l’ancrage français du savoir-faire, a été écarté. Une injustice, un terrible gâchis, à l’heure où l’Etat parle sans cesse de souveraineté industrielle. Et ce sont toujours les salariés qui trinquent…

La chimie est un pilier de notre industrie. A Pont-de-Claix (Isère), on fabrique du sel, du chlore, de la soude et des isocyanates, ces molécules au nom exotique, mais aux usages critiques pour l’aéronautique, le nucléaire, l’assainissement. Le site, passé de main en main de Rhône-Poulenc à Rhodia, puis au groupe thaïlandais PTTGC, a subi un retard d’investissements, tout en drainant des subventions publiques généreuses, comme le précisent les syndicats : plus de 30 millions d’euros, sans contrepartie d’ancrage territorial.

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