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Vingt ans après la mort de Zyed et Bouna, quand cesserons-nous d’accepter que certaines vies valent moins ?

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La République commence là où le soupçon cesse d’avoir une couleur. Elle ne tiendra sa promesse qu’en affrontant son histoire et en assumant la France nouvelle que nous sommes devenus, plaide Aly Diouara, député de la Seine Saint-Denis.

Lors des manifestations en hommage à Naël, deux ans après sa mort, le 26 juin à Paris. (Julien De Rosa/AFP)
Par
Aly Diouara, député de la Seine-Saint-Denis
Publié le 25/10/2025 à 11h07

Le 27 octobre 2005, à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), Zyed Benna et Bouna Traoré rentrent d’une après-midi à jouer au football avec des amis. Une patrouille de la BAC les prend en chasse. Ils se réfugient dans l’enceinte d’un poste électrique EDF et y meurent électrocutés. Zyed et Bouna sont morts pour rien. Vingt ans plus tard, que nous disent ces prénoms devenus familiers – Zyed, Bouna, Adama, Nahel – sinon la même phrase qui s’obstine : ça continue.

Combien, aux profils semblables, sont morts pour rien ? Où commence la chaîne ? A partir de quand nous sommes-nous habitués ? Quand avons-nous jugé «normal» que certains soient plus souvent tutoyés, insultés, humiliés, violentés, tués ? Faut-il remonter à l’époque où, dans les empires, l’armée soumettait et la police administrait, pour classer, quadriller, discipliner des populations entières ? Aux années 1930, quand la brigade nord-africaine menait des rafles dans les «quartiers musulmans» de Paris ? Aux années 1950, quand la brigade des agressions et violences, prétendant lutter contre une «criminalité nord-africaine», installe des pratiques qui culminent au 17 octobre 1961 : coups, humiliations, morts. Ou à 1973, année de violences racistes extrêmes – des dizaines d’assassinats et des centaines de