Pour l’année 2020, 140 000 interventions d’agents de police ou de gendarmerie ont eu lieu pour des constatations de violences conjugales à l’égard des femmes ce qui représente 16 interventions par heure tandis que l’on estime à 94 000 le nombre de femmes victimes de viols ou de tentatives de viols selon un panel interrogé. Ce sont donc des estimations basses du nombre de violences commises lorsque l’on sait que pour ces dernières, seules 12 % des victimes portent plainte. Aussi choquante que l’étendue de ces phénomènes de violences, est l’inefficacité des réponses apportées quand ce n’est pas l’absence de réponses.
Parmi les procédures ouvertes pour viols, 10 % à 15 % aboutiront à une condamnation criminelle de l’auteur et 73 % d’entre elles seront classées sans suite.
Selon le rapport de l’Inspection générale de la justice (IGJ) de novembre 2019 ayant examiné 88 cas de féminicides ou de tentatives sur les années 2015-2016, 80 % des 21 plaintes déposées antérieurement avaient été classées sans suite et une seule a donné lieu à une garde à vue de l’auteur.
Ces si faibles taux de plainte feront dire à Adèle Haenel : «La justice nous ignore, on ignore la justice.»
La justice française doit pouvoir être une digue
Ce constat est accablant alors que les violences faites aux femmes sont vues comme l’expression paroxystique de la domination masculine. La justice française doit pouvoir