Combien de Claude Jean-Pierre faudra-t-il avant que la justice s’applique avec la même rigueur en outre-mer qu’en Hexagone ?

Combien d’affaires classées sans suite, combien de familles brisées, combien d’injustices balayées avant que l’Etat prenne ses responsabilités ?

Le 21 novembre 2020, Claude Jean-Pierre, 67 ans, est interpellé lors d’un contrôle routier à Deshaies, en Guadeloupe. Douze jours plus tard, il succombe à ses blessures. Les images de la vidéosurveillance, rendues publiques en mai 2021, montrent une intervention brutale : extrait de force de son véhicule, il s’écroule, inerte au sol.

L’un des agents opérant le contrôle tente de le relever, sa tête heurte violemment le bitume.

Il ne se relèvera jamais.

Quatre ans après, Mediapart révèle l’existence de plusieurs expertises médicales. Une première expertise, menée par un médecin généraliste agréé près la cour d’appel de Basse-Terre, a été suivie de contre-analyses demandées par la juge d’instruction en avril 2023, faisant appel à un médecin légiste ainsi qu’à des experts sollicités par la partie civile.

Ces derniers concluent que l’extraction violente de Claude Jean-Pierre lors de son interpellation est à l’origine d’une fracture-luxation de la colonne vertébrale, ayant entraîné une tétraplégie immédiate et, in fine, son décès.

Pourtant, en février 2023, le procureur de la République de Basse-Terre avait requis un non-lieu, estimant que les gendarmes n’avaient commis aucune faute.

Claude Jean-Pierre, Didier Assor,