Les chiffres sont glaçants : un enfant handicapé est jusqu’à cinq fois plus exposé aux violences sexuelles qu’un enfant sans handicap. Neuf femmes autistes sur dix rapportent avoir subi des violences sexuelles, et près de la moitié avant l’âge de 14 ans (1). Pourtant, ces statistiques terrifiantes s’écrasent contre un mur d’apathie collective. Ensevelies sous un silence complice, ces révélations ne suscitent que trop rarement l’indignation qu’elles méritent. Ce silence n’est pas innocent. Il naît d’un mépris enraciné, de la lâcheté d’une société qui choisit délibérément de ne pas croire ces enfants. Leur parole est systématiquement mise en doute, comme si leur différence les rendait incapables d’exprimer la réalité de ce qu’ils subissent.
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Cette défiance repose sur des préjugés profondément ancrés. La singularité de leur communication, leurs comportements atypiques, tout devient prétexte à invalider leurs récits. Ils subissent une double peine : celle d’être victimes de violences, puis celle de voir leur souffrance niée, minimisée, ignorée. La société se raconte des mensonges pour justifier son inaction, prétendant que ces enfants ne comprennent pas ou sont insensibles à ce qu’ils subissent. Mais ces croyances erronées les isolent davantage. Lorsqu’un enfant handicapé dénonce une violence, son témoignage est trop souvent balayé par ceux-là mêmes qui devraient le protéger. Cette culture du déni alimente l’impunité des agresseurs et réduit les victimes à un silence assourdissant