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TRIBUNE

Violences sexuelles : l’écoute des victimes vulnérables, un impératif de société

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Jusqu’ici, la Ciivise ne s’est pas assez intéressée aux enfants handicapés, estime une membre de la Commission. Or, le risque d’agression augmente avec la vulnérabilité.
Marie Rabatel à Paris, en mai 2023. (Cha Gonzalez/Libération)
par Marie Rabatel, Membre de la Ciivise (Commission indépendante inceste et violences sexuelles faites aux enfants) et experte violences et handicap
publié le 5 mars 2024 à 6h16

Les auteurs de violences sexuelles sur personne vulnérable bénéficient souvent d’une impunité. Ils ont peu de chances d’être dénoncés car les victimes ont rarement des lieux adaptés pour parler, surtout lorsqu’ils occupent des positions d’autorité dans leur quotidien : éducateurs, professionnels de santé ou paramédicaux, entraîneurs, membres de la famille… Cela rend la parole de la victime peu crédible voire inaudible.

Le cumul de facteurs de vulnérabilité constitue un risque majeur de subir des violences sexuelles. Les enfants handicapés, notamment, en sont jusqu’à cinq fois plus victimes. La parole des enfants – mais aussi celle des adultes handicapés et des personnes âgées – est souvent étouffée devant nos yeux, laissant les atteintes aux droits humains qu’ils subissent, jusqu’à l’atrocité, dans un silence insupportable.

La Ciivise n’a entendu que des majeurs

Récemment, un adolescent de 14 ans, non oralisant, avec un handicap mental sévère et un retard psychomoteur, a mis fin au supplice inhumain que lui et neuf autres enfants vivaient dans un institut médico-éducatif parisien, grâce à des outils de CAA (communication améliorée et alternative). Au total, dix enfants handicapés témoignent des agressions et viol