La France accueille cette semaine le président chinois Xi Jinping. Une visite au goût amer qui contraste avec ma propre expérience : si le dirigeant chinois est célébré en grande pompe, j’ai été pour ma part expulsée de Hongkong le 10 avril dernier. Tandis que Pékin considère les défenseurs de la liberté de la presse comme des ennemis de l’Etat, l’Elysée déroule le tapis rouge pour le principal prédateur de la liberté de la presse en Chine.
En tant que spécialiste de la Chine ayant suivi de près – et alerté sur – la dégradation au cours des quatre dernières années de la liberté de la presse à Hongkong, l’idée que je puisse moi-même faire l’expérience de cette répression me paraît irréelle.
Passer le contrôle d’immigration devait être une simple formalité. Après tout, c’était la troisième fois en douze mois que je me rendais à Hongkong en tant que représentante de Reporters sans frontières (RSF), et rien ne laissait présager qu’il s’agirait de mon dernier voyage dans cette «région administrative spéciale», voire dans toute la Chine.
Comme à mon habitude, j’ai innocemment présenté mon passeport à l’agent d’immigration. L’homme l’a regardé, rapidement scanné, avant de tiquer. Sans prononcer un mot, il a sorti ma carte d’arrivée de la boîte, a rempli ce qui s’est révélé être un avis de refus et a appelé ses collègues, qui m’ont demandé de les suivre. J’ai compris que mon nom figurait désormais sur l’une des listes noires de la Chine : celle des «ennemis de l’Etat».
«Déportation imminente et /ou immédiate» de Hongkong à Taïwan
Dès le départ, il