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TRIBUNE

Zorro aura-t-il la peau de Trump ?

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Le justicier à la cape noire est ambigu. D’un côté, il critique la tyrannie, refuse l’oppression des «Indiens» et célèbre les Mexicains-Américains. De l’autre, il est anti-révolutionnaire et défend l’ordre. Mais face au candidat républicain qui criminalise les immigrés, le héros n’est peut-être pas hors jeu.
L'acteur Tyrone Power (1914-1958) dans l'épisode «le Signe de Zorro» (1940) de Rouben Mamoulian, son costume lui donnant l'anonymat pour critiquer le pouvoir. (Ullstein Bild. Getty Images)
par Emmanuelle Perez Tisserant, Historienne
publié le 23 mai 2024 à 6h06

«Au nom de la loi !» Pour sa 7e édition, le festival l’Histoire à venir, qui se tient de ce mercredi à dimanche à Toulouse, a choisi de braquer le regard des historiens sur le droit, sa vie au rythme des sociétés ­entre bouleversements politiques, mobilisations sociales ou crises écologiques et climatiques. «Quand les femmes se mobilisent pour leurs droits», «Ordre social, ordre environnemental», «Grèce et Rome, deux façons de penser et vivre le droit» ou encore ­«Figures de ­hors-la-loi dans l’histoire»… Autant de ­sujets qui permettront de mieux comprendre si ce qui est légal est légitime, et quel est le pouvoir d’action des citoyens pour faire changer nos règles communes.

«Un cavalier qui surgit hors de la nuit…», quelques mots chantés, et nous voilà dans le western, avec un peu de cape et d’épée. Combien de familles se sont réunies autour de ces épisodes diffusés pendant des décennies depuis les années 60 en France ? Ringard, Zorro ? Il reviendra pourtant cette année, dans une série avec Jean Dujardin. Sorte de «bandit social» comme l’a décrit l’historien Eric Hobsbawm, Zorro s’efforce de rétablir un ordre juste perturbé par des puissants corrompus. Et il verse rarement le sang : il lui suffit la plupart du temps de blesser l’orgueil de ses cibles.

Dans la Californie du début du XIXe siècle, cette lointaine province à distance du «b