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Interview

Tristan Garcia : «L’histoire du rugby est une réflexion sur la violence, la virilité, l’encadrement du contact»

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Du club des nations au «boy’s club», le rugby serait-il le symbole d’un monde passéiste et viril ? Le philosophe Tristan Garcia décrypte les clichés autour de ce sport qui semble figé dans le temps et pourtant ne cesse d’évoluer et de se questionner.
Lors du match de la coupe du monde de rugby 2023 opposant l'Irlande à l'Ecosse. (Vincent Leloup/Divergence)
publié le 14 octobre 2023 à 17h06

Des quarts de finale aux airs de finale, des écarts de score délirants en phase de poules et des petites équipes aux fraises… Dans un week-end qui voit s’affronter deux hémisphères et la fine fleur des «gros» du rugby mondial – XV de France vs Springboks sud-africains, XV du trèfle irlandais vs All Blacks néo-zélandais, Angleterre vs Fidji – la question se pose : la Coupe du monde de rugby n’en aurait-elle que le nom ? Avec ses valeurs, son chauvinisme de terroir, son goût d’une geste viril et des caramels, le ballon ovale transporte un bon lot de clichés qui semblent avoir du mal à s’exporter.

Pour le philosophe toulousain Tristan Garcia, si ce sport rechigne à s’universaliser, c’est précisément parce qu’il se définit par son rapport même à l’universalisme. Mais ce n’est pas parce qu’il est resté une sorte d’instantané d’un passé colonial qu’il est dénué de toute capacité d’autocritique et d’émancipation. Charge à la gauche de ne pas l’oublier, au risque de laisser le champ libre à une récupération droitière plus nauséabonde.

Avec toutes ses règles, le rugby passe pour être un sport particulièrement compliqué : violent, mais au fond très lié à l’intellect.

Il y a toujours eu une tension et une querelle en France là-dessus. Il y a des écoles, comme dans tous les sports. D’un côté, celle du stade toulousain, incarnée par des entraîneurs comme