La mission de la Cour internationale de justice (CIJ) est de régler pacifiquement les conflits entre les Etats. Elle peut donc sembler inutile lorsqu’une guerre militaire fait déjà rage entre les pays concernés. Pourtant, la semaine dernière, des représentants de l’Ukraine, de la Russie et de trente-deux autres pays soutenant l’Ukraine se sont succédé dans la grande salle d’audience du Palais de la paix de La Haye (Pays-Bas) pour confronter leurs arguments sur une question d’apparence uniquement juridique mais qui, en réalité, a une portée politique considérable. C’est un moment historique non seulement pour l’Ukraine, mais aussi pour la CIJ, car il s’agissait de la première affaire dans laquelle autant d’Etats intervenaient du côté de l’Ukraine, l’Etat requérant.
On se souvient que, dans son discours du 24 février 2022, annonçant une «opération militaire spéciale en Ukraine» – qu’en réalité l’Assemblée générale des Nations unies a très vite renommée «agression de la Fédération de Russie contre l’Ukraine» – Vladimir Poutine s’était justifié par sa volonté de protéger la population des oblasts de